Daphné Biiga Nwanak et Baudouin Woehl se rencontrent en 2017 à l’École du Théâtre National de Strasbourg et décident, à leur sortie, de poursuivre leur travail ensemble en fondant leur compagnie Palabres Palabres à Reims en 2020. À la croisée du théâtre, de la musique, de la danse et de l’écriture, leur recherche artistique élabore des formes traversées par la mémoire, le visible et l’invisible, interrogeant le rapport collectif aux images et aux émotions au fil de l’Histoire.
Portés par une approche interdisciplinaire, ils partagent entièrement la conception, la mise en scène et l’interprétation de leurs créations. Tandis que Daphné consacre l’essentiel de son temps à l’écriture, Baudouin développe une approche musicale du théâtre, explorant la composition comme un prolongement dramaturgique du texte. Ensemble, ils développent une méthode de création où la légèreté des dispositifs scéniques permet aux pièces d’exister dans des espaces variés sans altérer leur force dramaturgique. Au cœur de leur travail, ils inventent un théâtre qui scrute les images pour en révéler les vides et interroge notre façon de percevoir, de se souvenir et d’éprouver collectivement.
Lecture américaine, leur première création professionnelle, met en scène une Amérique-mirage, un territoire à la fois réel et fantasmé, hanté par le cinéma, l’exil et les premières migrations. Conçue pour cinq interprètes et une pianiste, cette pièce déploie un dispositif de boîte noire où se croisent voix-off, musique et absence d’images, interrogeant le vide et le deuil dans un monde saturé de représentations. Créée au Théâtre de la Cité Internationale, où ils ont été artistes associés en résidence (2020-2023), elle a été soutenue par le Théâtre National de Strasbourg, le T2G (Gennevilliers), les Halles de Schaerbeek (Bruxelles) et le Watermill Center (New York). Le texte, lauréat de SACD-Beaumarchais, a reçu les encouragements d’Artcena et le Prix de la Fondation Minou Amir-Aslani.
Avec Maya Deren, leur seconde création, Daphné et Baudouin poursuivent leur exploration des images et de leur pouvoir sur le regard. Inspirée des écrits de la cinéaste expérimentale américaine éponyme, la pièce imagine le parcours de Véra, une femme qui, après une rupture amoureuse, applique à son propre corps les principes de Maya Deren jusqu’à se transformer en caméra vivante. À travers un dispositif épuré et un jeu d’adresse direct au public, Maya Deren interroge la possibilité d’une expérience commune du visible dans un monde fragmenté. Créée en 2023 au Théâtre de la Cité Internationale, elle a été soutenue par plusieurs structures, dont le Ballet National de Marseille, le T2G – CDN de Gennevilliers et le Centre Dramatique National d’Orléans.
Le travail de Daphné et Baudouin s’élabore dans un dialogue constant entre des espaces de création nationaux et internationaux. Du Watermill Center à New York au 1927 Art Space à Athènes, en passant par le Teatro Libero à Palerme, ils développent leurs projets dans des contextes qui nourrissent leur recherche sur l’image et la perception. Ces résidences et collaborations leur permettent d’explorer des méthodologies variées, d’expérimenter de nouvelles formes scéniques et de confronter leur théâtre à des regards multiples, dans une dynamique de création en perpétuel déplacement. Ils sont actuellement en résidence associée à La Fileuse, friche artistique de la Ville de Reims.
Crédits photographiques ©Thierry Hauswald